Séquence nostalgie le samedi 2 octobre 2021 à La Borne, où Michel Pinglaut venait évoquer la vie du célèbre artiste berruyer.
Né en 1913 au village de Vallenay, Marcel Bascoulard arrive bientôt à Saint-Florent sur Cher où il va fréquenter l’école publique, puis le collège. C’est à ce moment qu’il commence à dessiner.
Passionné par les machines, il les immortalise avec un réalisme saisissant. Tels l’alambic du bouilleur de cru ou les locomotives entrant en gare, reproductions auxquelles il ne manque aucun détail. Chaque tuyau est à sa place.
Bon en français histoire et géographie, il arrête ses études au niveau du brevet élémentaire et passe brièvement par l’école des beaux-arts. Mais il a bien du mal à s’adapter au monde qui l’environne, surtout après la mort de son père, tué par sa propre épouse. Il passera le reste de sa vie à l’écart de la société, volontairement marginalisé.
Les septuagénaires berruyers l’auront connu dans la cité dont il dessinait les monuments et les vieilles rues avec un souci du détail particulièrement poussé. Chacun se souvient des fameux tricycles de sa conception avec lesquels il se déplaçait en ville, suscitant la curiosité des badauds.
Bascoulard était capable de reproduire ses dessins de mémoire, sur un coin de table, toujours avec la même précision. Ses reproductions des grandes cartes de géographie du monde entier, comme celles accrochées jadis dans les écoles, sont révélatrices de sa prodigieuse mémoire, avec toujours le même souci de précision.
Au fil des années il amène de la couleur dans ses travaux, et se met à l’abstrait. Il dessine également tous les vêtements féminins qu’il porte au quotidien, taillés sur mesure dans un atelier de Bourges. Autodidacte, il apprend et parle plusieurs langues. On connait moins la propension à l’écriture de Marcel Bascoulard. Le conférencier donne lecture quelques-uns de ses poèmes. Ses textes comportent des références littéraires et historiques stupéfiantes.
De son vivant ses œuvres lui permettent tout juste de se nourrir. Vivant à l’écart, il se nourrit peu, troquant un dessin contre une tranche de jambon, privilégiant le bien-être de ses chats à sa propre faim. Ses dessins s’acquièrent désormais plusieurs milliers d’euros dans les salles de ventes.
Marcel Bascoulard meurt assassiné par un autre marginal en janvier 1978.
Michel Pinglaut en cet après-midi d’octobre et dans une salle comble, aura ranimé des souvenirs émus chez ceux qui ont connu l’artiste poète original.